Crowdfunding & Finance islamique ?

par Moussa du site AL-RIZQ.COM

crowdfunding
Comment le crowdfunding peut-il vous aider à lever des fonds pour votre business ? Que faut-il penser de ce type de financement en islam ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Crowdfunding : définition

Crowdfunding , crowdsourcing ou crowdfinancing veut littéralement dire «financement par la foule ». En français cela a été traduit par : « financement participatif ».  Le concept ? De petits prêts par beaucoup de gens pour arriver à financer un projet : qu’il soit nouveau telle qu’une start-up, ou une entreprise déjà existante ayant besoin de liquidités pour mieux fonctionner ou s’étendre et augmenter son chiffre d’affaires.

Exemple rapide de la puissance de ce concept : considérons que nous sommes 6 millions de musulmans en France et que nous souhaitions créer une entreprise d’abattoirs de viande halal et le projet coûte 6 millions d’euros… Si chacun prête 1 euro,  ou si la moitié prête 2 euros …le projet est bouclé. Et ainsi de suite. Pas mal non ?

Crowdfunding : différentes formes

Il faut savoir que le crowdfunding tel qu’il est appliqué aujourd’hui aux États-Unis, en Europe ou encore au Japon n’est pas un modèle à sens unique. D’après mes recherches j’ai trouvé un crowdfunding qui se limite seulement au prêt de fonds. A contrario, il y a des sortes de crowdfunding basés sur un partage de gain (crowdfunding with profit sharing).

Ceci étant dit, il faut forcément une plateforme mettant en relation les préteurs (ou investisseurs s’il s’agit d’un partage d’un gain) avec les entrepreneurs. Ces plateformes engagent des personnes s’occupant de tout ce qui est paperasse administrative et surtout… vérifient la viabilité des projets.

Crowdfunding et islam : Quel jugement ?

Alors la question qui nous intéresse nous, les musulmans est de savoir si le crowfunding est quelque chose de licite (halaal) ou non ?

Comme le disent les jurisconsultes : Le jugement sur une chose, émane de sa représentation. En clair : Il faut donc déjà savoir comment ce crowdfunding se présente pour dire si oui ou non il est conforme aux préceptes religieux. Il convient donc d’analyser le règlement des plateformes pour dire si oui non leur règlement est compatible avec les règles qui régissent le commerce en islam.

D’une manière générale, tout ce qui touche au commerce est licite, sauf si une preuve prouvant le contraire est trouvée.

Je vais néanmoins, essayer de vous donner quelques pistes d’informations.

Si le crowdfunding se base uniquement sur des prêts et non sur partage de profit il convient de noter ceci :

  • L’entrepreneur est redevable de la somme empruntée seulement. Il est impératif que le taux de cet emprunt soit égal à zéro. Et qu’aucune pénalité de retard ne soit ajoutée si jamais le remboursement venait à tarder. Cela, bien évidemment si l’entrepreneur se trouve en difficulté. En revanche, si celui-ci s’avère malhonnête, alors là, c’est une autre histoire.
  • Peu importe que le projet réussisse ou non, l’entrepreneur reste redevable de la somme. C’est une dette qui doit être honorée. Bien sûr, les prêteurs (créanciers) peuvent ne pas demander le remboursement,  et considérer ceci comme une aumône. Mais la base, est que tout argent emprunté est dû.
  • Il n’incombe pas aux créanciers de demander un partage de profit. Car ici, nous avons à faire à prêt pur et dur.  Rendre plus que ce qui a été prêté cela n’est autre que … riba.

En revanche, si le crowdfunding se base sur des prêts et avec partage de profit, alors il convient de noter ceci :

Dans ce cas-là, islamiquement parlant, on ne dira pas « prêt », mais investissement. Est cette différenciation est vraiment fondamentale, et voilà pourquoi : car cette accord se transforme en règle générale en ce que l’on appelle en arabe : مضاربة  (moudharabah) ou مشاركة  (moucharaka).

Les effets qui émanent de cet accord :

  • Dans le cas où l’entrepreneur viendrait à perdre ou échouer dans son projet, l’argent emprunté (investi) n’est pas du. Cela car chacun des investisseurs et de l’entrepreneur s’est prêté au jeu et a perdu. L’entrepreneur a perdu son temps et son travail, et l’investisseur son argent. C’est le partage de risque et de bénéfices.
  • L’investisseur peut récupérer une partie des bénéfices.

Si le crowdfunding se base uniquement sur des dons il convient de noter ceci :

  • L’argent donné ne donne droit à aucune rémunération de la part de l’entrepreneur.

Reste à savoir quel jugement donner aux frais perçus par les plateformes… Dans un prochain article ان شاء الله …

و الله أعلم

Et vous, que pensez vous du Crowdfunding ? Dites-le moi dans les commentaires ci dessous inchAllah après avoir partagé cet article sur les réseaux sociaux !

Photo par :  VinothChandar